À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À cette époque, le taux de chômage se révèle dangeureusement élevé, favorisant les troubles sociaux et une profonde angoisse face à l'avenir. Si les adultes rêvent d'avoir un emploi, les enfants rêvent, comme Spartacus rebelle, le héros de films tridimensionnels, de se libérer de leur ceinture-signal. Cet appareil permet aux parents et à la police sociale de contrôler les agissements des adolescents. Claudien Devost est un de ces jeunes qui se révolte contre cette oppression. Sa révolte prend la forme d'espiègleries – qui obligeront ses parents à lui imposer un implant – mais surtout de voyages imaginaires sur la planète Lumière, où les hommes deviennent des oiseaux aux couleurs ravissantes. Claudien rêve, dans le métro, et ses fuites dans l'imaginaire se trouvent favorisées par le Liseur. Cet homme s'avère en réalité un Eryméen, planète imaginaire issue de la créativité humaine ; la pensée créatrice de tous les hommes forme un continuum électrique sur lequel est branché le réseau Idea. Et c'est pourquoi Claudien peut voyager sur Lumière.
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Commentaires
C'est à la découverte de la liberté et de la responsabilité que Daniel Sernine nous convie avec sa jolie nouvelle jeunesse « Les Voyages imaginaires ». Certainement l'une des plus belles nouvelles qu'il a crées, il s'en dégage beaucoup de tendresse et de complicité avec son jeune lecteur. La morale est suffisamment appuyée pour permettre au lecteur de réfléchir sur son époque et sa propre attitude.
La planète Lumière, en ce sens, est chargée d'une signification particulière. Elle est lumière tandis que la réalité est grise, elle est la liberté face à l'oppression. Elle semble cependant connaître elle aussi des lois absurdes autant qu'arbitraires, dont souffrent ses habitants. Il est en effet défendu de montrer les couleurs de son plumage. Claudien va montrer aux Lumériens l'inutilité d'une telle loi ; d'opprimé sur Terre, il devient sauveur sur la planète imaginaire. Le jeune héros retournera sur Terre pour mieux maîtriser sa liberté nouvelle, parce qu'autonome et responsable.
Ce texte possède de belles qualités. Tout d'abord, sa structure est à la fois claire et souple, permettant au jeune une lecture aisée. Le récit des voyages imaginaires est marqué par des caractères en italiques de même que par une seule situation événementielle. Le style correspond aux besoins génériques et diégétiques ; le narrateur épouse la manière de parler de la jeunesse, et sait aussi s'en éloigner par souci de didactisme : problèmes sociaux soulevés, références littéraires, morale souriante… Le texte, enfin, demeure ouvert en soulevant de nombreuses questions concernant la censure, la répression étatique et la tolérance à l'égard d'autrui. [SB]
- Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 115-116.