À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un professeur reçoit dans son bureau une étudiante venue lui montrer le premier jet d’un texte de fiction. Puis, s’étant rendu à sa classe, il constate qu’il n’y a personne, sauf la jeune fille. Le collège est désert, tout comme la ville où il se promène peu après et où vient le rejoindre l’étudiante avec qui il passe la nuit dans une chambre d’hôtel.
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Fantasme d’un professeur qui voudrait "sauter" une étudiante amène et appliquée ? Texte autobiographique ? Ce serait mal connaître Bertrand Bergeron qui fait preuve dans « La Vraisemblance » d’une pudeur des sentiments et d’une délicatesse touchante.
Cette nouvelle qui, par son atmosphère, rappelle les récits de SF montrant la solitude des survivants dans un monde dépeuplé, appartient pourtant par son thème à la littérature fantastique. Bergeron aborde à son tour la question des rapports entre la fiction et la réalité. C’est à partir du moment où le professeur lit le texte de son étudiante que le réel est contaminé par l’imaginaire.
La suite de la nouvelle tend à coller à l’esprit du texte de la jeune fille (une histoire d’amour) et à illustrer le diction : « Les amoureux sont seuls au monde ». Et à la fin, après que les deux protagonistes aient eu réalisé leur destin inscrit dans le texte, c’est l’expérience du vécu qui vient corriger la fiction pour lui donner encore plus de vraisemblance.
Cette influence réciproque de la fiction et de la réalité se fait d’une façon imperceptible à l’intérieur d’une nouvelle qui épouse la routine quotidienne d’un professeur. La nouvelle de Bertrand Bergeron prêche par l’exemple en étant elle-même un modèle de vraisemblance, malgré le caractère fantastique de la situation, grâce à la finesse d’observation et au sentiment de réalité qui transpire de ce récit.
Sans intellectualisme, avec un sens de la retenue irréprochable, Bertrand Bergeron livre avec « La Vraisemblance » une nouvelle pénétrante sur le travail obscur de la création littéraire. Dans un registre différent de ses textes précédents, il réussit à nouveau à nous étonner. Ne serait-il pas présentement le meilleur nouvelliste du Québec ? [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 30-31.