Jardiniers du monde (Les)

Dans un jardin luxuriant survient une rencontre inattendue entre un homme et une femme. L’homme s’était toujours cru la seule créature humaine à habiter le jardin : il ignorait l’existence des femmes et cette découverte le trouble. La femme cherche à voir les maîtres du jardin afin de percer le mystère de sa présence dans ce monde mais l’homme sait que pour découvrir la fonction des êtres humains, nul n’a besoin d’interroger les jardiniers : tout s’éclaire le jour où l’on arrive à l’âge de sa première fois…

• Jardiniers du monde (Les) (2003) - Nouvelle
• Jardiniers du monde (Les) (2002) - Nouvelle

Jean-Louis Trudel a une solide expérience d’écriture en science-fiction. Il se révèle une fois de plus, avec « Les Jardiniers du monde », un habile constructeur d’univers. Tout l’intérêt de cette courte nouvelle tient à ce que l’auteur a su, graduellement et par petites touches, faire apparaître un monde fictif d’une relative complexité. Une stratégie d’écriture efficace puisqu’elle stimule la capacité du lecteur à lire entre les lignes.

L’aspect science-fictionnel de ce récit tient, de prime abord, à peu de choses : dans les premiers paragraphes, à peine quelques néologismes (laserchats, mousselaine, sapingle) mettent la puce à l’oreille du lecteur ; puis le monde tend à prendre plus de consistance : des poissons amphibiens aspergent les arbustes de leur semence pour donner naissance aux colibris, les lynx en chasse terrifient tous les êtres du jardin… La chute (qu’on se rassure, je ne vendrai pas la mèche) réussit à donner une signification à l’échafaudage fictif tout en laissant entrevoir que ce qui est montré ne constitue qu’une partie de ce qui pourrait l’être.

Cette finale énigmatique (et c’est là une interprétation toute personnelle) me semble une belle métaphore de l’origine du questionnement scientifique, qui émane du besoin qu’éprouve l’être humain à donner un sens à l’univers tel qu’il se présente à lui. [ID]

• Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 177.