À propos de cette édition

Éditeur
L'Événement
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Événement
Pagination
3
Lieu
Québec
Date de parution
15 mai 1883

Résumé/Sommaire

Revenant de la ville de B… sous une pluie diluvienne, le narrateur remarque qu’il est minuit moins trois alors qu’il aperçoit un grand diable d’homme qui disparaît presque aussitôt. Il oublie sa rencontre, mais pendant trois nuits consécutives, la même apparition hante ses rêves en lui indiquant, du haut d’une colline, la ville de B… Décidant de s’y rendre, l’homme, dans le train, apprend l’histoire d’un vol crapuleux qui s’est produit à onze heures trente, le soir même où il s’était fait surprendre par la pluie. Emporté par la foule qui se rend au palais de justice, il reconnaît en l’accusé l’homme qu’il a aperçu furtivement quelques minutes avant minuit. Son attestation le sauve de la condamnation.

Commentaires

À consulter la biographie de Georges Lemay, on constate qu’il est l’exemple parfait du francophone d’Amérique. En lisant sa production littéraire, recueillie en 1884 dans un recueil intitulé Petites Fantaisies littéraires et publié à Québec, on s’aperçoit cependant que ses préoccupations ne différaient guère de celles de ses collègues québécois ou acadiens. De fait, le propos de Lemay se veut toujours moralisant et sa prose, lyrique et poétique à l’excès, épouse parfaitement la pensée religieuse de l’époque. Une seule de ses nouvelles se rattache au territoire qui l’a vu naître, « Épisodes d’une insurrection au Nord-Ouest », où il prend parti pour Louis Riel, alors qu’une autre, « Folle », exhorte les parents à raconter à leurs enfants des histoires parlant de la grandeur de leur pays plutôt qu’à leur faire peur avec des histoires fantastiques.

Malgré cet avertissement, « Minuit moins trois » est bien un texte fantastique – l’apparition prémonitoire – même s’il ne comporte aucun élément d’épouvante. Si l’écriture de Lemay demeure extrêmement lyrique et les sentiments du narrateur exacerbés à outrance, le style n’en demeure pas moins alerte et témoigne d’une économie qui étonne. Le charme suranné qui se dégage de « Minuit moins trois » ne déplaira donc pas au lecteur contemporain, lui rappelant plutôt quelques textes de Guy de Maupassant, à tout le moins par la qualité de certaines descriptions et par le sujet. [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 116-117.