À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Revenant de la ville de B… sous une pluie diluvienne, le narrareur, alors qu’il remarque qu’il est minuit moins trois, aperçoit un grand diable d’homme qui disparaît presque aussitôt. Il oublie sa rencontre quand, pendant trois nuits consécutives, la même apparition hante ses rêves en lui indiquant, du haut d’une colline, la ville de B… Décidant de se rendre à la ville, l’homme, dans le train, apprend l’histoire d’un vol crapuleux qui s’est produit à onze heures trente, le soir même où il s’était fait surprendre par la pluie. Emporté par la foule qui se rend au palais de justice, il reconnaît en l’accusé l’homme qu’il a entr’aperçu quelques minutes avant minuit. Son attestation le sauve de la condamnation.
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Commentaires
Les éditions du Blé ont eu la bonne idée de reproduire le recueil de Georges Lemay, Petites Fantaisies littéraires, paru initialement à Québec en… 1884 ! Je dis bonne idée car ce fac-similé montre un bel échantillon du genre de typographie et de mise en page qui régnaient en ce temps-là et de la prose qu’on pratiquait en ce pays. Texte lyrique, poétique, pensée religieuse et écriture moralisante régnaient en maître. Une fiction politique cependant se distingue dans ce recueil, « Épisodes d’une insurrection au Nord-Ouest », relatant la lutte de Louis Riel pour le respect des droits des francophones dans l’Ouest canadien.
La seule nouvelle qui se rattache à notre domaine, « Minuit moins trois », reste typique du fantastique du XIXe siècle. L’écriture est romancée, les sentiments exacerbés à outrance. Mais Lemay, s’il s’intègre parfaitement à son époque sur ces points, n’en possède pas moins un style direct, alerte, dont l’économie étonne. Le charme suranné qui se dégage de cette nouvelle n’est pas pour déplaire, cependant, aux lecteurs de la fin du XXe siècle que nous sommes.
En résumé, un recueil dont la réédition en surprendra plusieurs, mais qui a le mérite de nous faire redécouvrir les racines oubliées de la littérature canadienne française. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 92.