À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Très malade, François Drexel sait qu’il va bientôt mourir. Xéhinn, impuissant, le laisse s’enfoncer dans ses souvenirs. Car Drexel ne pense qu’au « château » où il a passé son enfance, au bord du fleuve, tout près d’un village. Dans la cave de ce château, vivait alors un monstre dont on ne voyait que les tentacules lorsqu’il les étirait pour se nourrir ou pour… caresser ses amants.
À la recherche d’une transcendance, le jeune François était incapable de communiquer avec les gens du village, ce qui l’amenait à s’écarter encore davantage de cet univers superficiel. Puis, en développant une relation amoureuse avec le monstre, il a enfin connu l’extase et la communication. Son père naturel, jaloux, l’a toutefois forcé à s’éloigner du château. Drexel est ensuite devenu un médecin spécialisé en prothèses. Un jour, revenu au village, il a assisté à l’inondation du château. Seul Xéhinn, un domestique, est parvenu à s’échapper, mais le monstre lui a arraché une jambe pendant sa fuite. Drexel l’a soigné et Xéhinn est devenu son serviteur et son compagnon durant dix années.
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Commentaires
Dans sa courte présentation, Esther Rochon avoue avoir hésité à publier ce texte pourtant achevé en 1976, soit dix ans avant la publication de Coquillage. Il avait d’ailleurs failli paraître dans les pages de la revue européenne Espace-Temps vers la fin des années 70. Mais son auteure avait préféré le reléguer dans un tiroir où il est demeuré jusqu’à ce que Yves Meynard et Claude J. Pelletier communiquent avec Esther Rochon pour leur collectif Sous des soleils étrangers. La revue imagine… en avait toutefois publié un petit extrait en marge d’un dossier portant sur le roman qui a mérité le Grand Prix 1986 de la Science-Fiction et du Fantastique québécois.
« Mourir une fois pour toutes » est indissociable de l’évolution externe du roman Coquillage, puisqu’elle en constitue l’ébauche. Si le troisième roman d’Esther Rochon est une incontestable réussite à plusieurs points de vue, l’auteure affirme elle-même, en parlant de « Mourir… », qu’elle a longtemps « considéré cette nouvelle comme mineure », ajoutant : « Que le résultat soit réussi ou non, il ne m’appartient pas de le dire ». Nous nous trouvons ainsi devant une nouvelle qui, en d’autres circonstances, n’aurait vraisemblablement jamais été publiée. Plutôt que la considérer comme un texte achevé et original, on doit donc davantage la voir comme une curiosité appartenant à la "petite histoire de la SFQ" ou comme un document précieux pour une éventuelle exégèse de l’œuvre d’Esther Rochon.
Je me contenterai donc de souligner que « Mourir une fois pour toutes » comporte de nombreuses similitudes avec le roman qui en est l’aboutissement, mais aussi plusieurs différences touchant surtout le ton et l’esprit des deux œuvres. Coquillage distille une sorte de sérénité, tandis que la nouvelle est profondément noire. Elle traite de la souffrance, de la mort souhaitée, du vide, de l’immobilité des choses, de l’échec, du regret, de la nostalgie… Durant l’intervalle qui sépare les deux textes, la réalité sociale a évolué, tout comme leur auteure.
Pour le reste, je renvoie les exégètes en herbe au dossier publié dans imagine… 44. Les autres devraient simplement lire Coquillage sans trop s’attarder à cette version préliminaire. [DC]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 183-184.