À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Stefano Gardia Pellegrini a convoqué une conférence de presse en direct, véritable archaïsme en ce millieu de XXIIIe siècle. Membre du Groupe des Douze, des artistes qui se servent des « balaines » – gigantesques créatures issues de la bio-ingénierie qui débarrassent l’espace des multiples déchets qui l’encombrent – comme support aléatoire vivant pour leurs œuvres d’art, Pellegrini annonce que le Groupe érigera sur la Lune, avec les ossements des balaines mortes, le musée de l’impermanence. Impermanence car les multiples édifices de ce musée s’auto-détruiront dès que leur matériau de construction se transformera en poussière, ce qui est prévu dans sa conception. Mais au même moment, d’autres artistes créeront de nouvelles œuvres sur de nouvelles balaines qui serviront à ériger un nouveau musée de l’impermanence. Ainsi, un cycle complet de création et de destruction se mettra en place afin de rappeler que l’éternité n’est pas de ce monde, que tout y naît et y disparait un jour.
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Commentaires
La nouvelle d’Élisabeth Vonarburg « est » le compte rendu exact, texte et décors et effets spéciaux compris, de cette archaïque conférence de presse du XXIIIe siècle. Et c’est là toute la beauté de la science-fiction – et toute la force de Vonarburg – que de générer, à travers seulement quelques minutes empruntées/imaginées d’un lointain siècle à venir, la remarquable ébauche d’un univers de démesure, d’étrangeté et de fascination.
On peut rapprocher les sentiments provoqués par l’expérience de lecture du « Musée de l’impermanence », pour un lecteur de cette fin du vingtième siècle, de ceux que ressentirait ce bon Samuel de Champlain à la lecture d’une brochure de la Commission de la Capitale nationale vantant les attraits de la ville de Québec et de ses environs au XXe siècle : dépaysement, émerveillement… et une grande humilité devant les pouvoirs des générations futures et l’extravagance de leurs préoccupations.
Publiée à l’intérieur du collectif multimédia produit par un regroupement d’organismes en arts visuels, cette belle nouvelle ne pouvait mieux illustrer l’avenir de ces disciplines. Le seul bémol que je me permettrai d’apporter, c’est qu’un si bref regard sur un siècle aussi fascinant que celui imaginé par Élisabeth Vonarburg ne peut qu’engendrer la frustration de ne pas avoir droit à plus ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 196-197.