À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Fournier, pdg, est mécontent de la baisse du taux de croissance de sa compagnie. Pour rétablir cette situation, il décide d’acquérir un nouveau type d’ordinateur, doté de volonté de puissance. Si Oméga 8 fait des merveilles au début, il a bientôt des ratés qui inquiètent madame Mailhot (Directrice technique) et Fournier. On questionne un ingénieur, puis un psychologue. On achète une calculatrice, Delta 350, qui seule peut suivre l’ordinateur. En vain : Oméga 8, en pleine crise d’adolescence, est amoureux de l’amour, puis de la belle Delta 350. Et bientôt, un petit bébé ordinateur naît de cette union.
Autres parutions
Commentaires
« Oméga 8 est amoureux » est une pièce radiophonique tout simplement savoureuse. À travers le personnage principal, Somcynsky pose un regard attendri sur les amours adolescentes et les premières idylles et se livre à une amusante approche d’un nouveau champ scientifique : la libido des machines.
L’intrigue est développée comme une enquête plaisante qui décrit étape par étape l’évolution de l’amour et les symptômes classiques s’y rattachant, de la « …révolution dans cet être assoiffé de plaisir… » (p. 91) à la relation conjugale stable avec bébé.
Cette analyse de l’éveil amoureux se fait sur un ton badin où les stéréotypes comportementaux se prêtent à une aimable manipulation de la part de l’auteur. L’ingénieur Black et madame Mailhot ressemblent à des parents à la première aventure de leur enfant, la crise d’adolescence d’Oméga épousant les mêmes caractéristiques que celle des adolescents en général. On ne cherchera donc pas ici d’éventuelles hypothèses scientifiques sérieuses ; Somcynsky contourne d’ailleurs habilement ce possible écueil à travers l’hyperspécialisation des chercheurs mandés auprès de la machine.
Le ton léger du texte, allié à une écriture simple et efficace, souligne l’humour agréable de cette nouvelle. L’humour ne touche pas uniquement l’amour, mais aussi le capitalisme, les relations familiales, le discours pyschologique… « Oméga 8 est amoureux » est un bon petit texte sans prétention. Il nous convie à une détente souriante, entre des textes de Lyotard ou de Deleuze et Guattari sur la libido mécanique… [SB]
Autant j’ai aimé « Bonne Chasse » et « Les Cercueils du commandeur », autant j’ai détesté « Oméga 8 est amoureux ». Les défauts récurrents de Somcynsky y apparaissent grossis, en particulier cette abscence de nuances qui caractérisent la psychologie des personnages – caricatures mal dégrossies de stéréotypes évidents – et ce manque de subtilité dans des dialogues qui n’en deviennent que pures mécaniques, sans vie et sans crédibilité. Bien sûr, « Oméga 8 est amoureux » est une parodie et toute parodie se doit de caricaturer. Pourtant, doit-on pour cela créer des personnages aussi ridicules ? On croirait assister au retour des marionnettes des émissions de Gerry Anderson !
D’autre part, l’intrigue même est d’une banalité déconcertante. Tout est prévisible à l’avance, aucun mystère. Encore là, une grossière mécanique qui sert bien mal le propos. Ça sent la lourde démonstration.
Mais peut-être suis-je tout simplement allergique à ce genre de texte. On nous apprend que cette pièce radiophonique a été tirée d’une ancienne nouvelle. Est-ce donc l’adaptation à un nouveau médium qui a fait basculer l’entreprise ?
Heureusement, d’autres personnes ont apprécié ce texte et compensent par leurs propos aimables l’aigreur des miens. Je me serais senti mal à l’aise d’être seul juge de ce texte. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 132-133.