À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Trois sœurs qui étaient sorties pour chasser le phoque rencontrèrent un Ours-qui-avait-l’air-d’un-homme. Après s’être accouplé avec chacune d’elles, il voulut prendre la troisième, Najjijuq, comme femme. Elle refusa mais comme elle était déjà enceinte, elle lui offrit son fils. L’Ours Gavamat accepta et éleva l’enfant en entretenant chez lui la crainte de l’homme. Mais un jour, Nanoq rencontra les siens qui l’incitèrent à tuer l’Ours Gavamat.
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Commentaires
Qui mieux qu’Yves Thériault a su décrire le mode de vie, la culture et la mythologie des Amérindiens et des Inuit dans la littérature québécoise ? Ashini, Agaguk et Mahigan, pour ne nommer que ceux-là, sont des romans qui ont su saisir l’âme profonde de ces peuples autochtones.
Il n’est pas étonnant que ce soit sa fille, Marie José, qui nous donne aujourd’hui un conte inuit, « L’Ours Gavamat ». Celui-ci prend une signification particulière quand on apprend que "Gavamat" est un mot inuit qui signifie "Gouvernement". Le conte apparaît alors comme une charge virulente contre toute organisation sociale et comme une dénonciation de l’endoctrinement idéologique.
Un système politique devient mauvais quand il constitue une fin en soi et non un moyen, quand il assure sa permanence aux dépens de l’homme. C’est la leçon qu’il faut tirer de ce conte quand l’Ours Gavamat, pour punir Nanoq d’avoir voulu se débarrasser de lui, le met en cage et le réduit petit à petit à néant. Ne cherchons pas plus loin : la dictature roumaine de Ceausescu en était un bel exemple.
Si la satire politique l’emporte dans « L’Ours Gavamat », les références mythologiques n’en sont pas moins présentes. L’importance de l’ours (animal tutélaire, sorte de surmoi qui protège puis étouffe l’homme Nanoq), le rôle symbolique des trois sœurs (l’eau, les étoiles et la terre) et l’omniprésence de la nature participent à la mise en place sommaire d’une véritable cosmologie inuit.
« L’Ours Gavamat » est un cri d’alarme, une mise en garde contre les régimes asservisseurs. Nombreux sont les peuples qui l’auront entendu en 1989 et auront secoué leur joug. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 208.