À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Progrès du Saguenay/Lac-Saint-Jean
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Progrès du Saguenay/Lac-Saint-Jean
Lieu
Chicoutimi
Année de parution
1995

Résumé/Sommaire

Les poligloti sont le fruit de l’ingénierie génétique. Leur fonction est d’agir comme interface permettant à l’émetteur d’une communication d’être compris dans une langue qui lui est, au départ, étrangère et dont le poligloti lui inculquera les subtilités par le truchement d’une interface neuronale bien particulière, laquelle implique que l’interprète soit littéralement avalé par la créature aquatique.

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Commentaires

Ce récit est l’hommage bien personnel de Vonarburg au roman The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy de Douglas Adams. L’ensemble est en effet écrit à la manière d’une entrée dans le célèbre Guide galactique. Le ton est factuel, informatif, un brin pince-sans-rire, avec même quelques fictives imitations d’hyperliens. On retrouve l’esprit d’Adams jusque dans l’objet de l’entrée du récit de Vonarburg, qui rappelle bien évidemment le poisson-babel (Babel Fish) qui sert de traducteur universel dans le roman du premier – à ceci près que là où le petit poisson d’Adams devait être inséré dans l’oreille pour accomplir ses fonctions sur la base d’une communication télépathique, la créature aquatique de Vonarburg, nettement plus massive, nécessite l’ingestion de la personne par le monstre, lequel procède à la traduction par l’intermédiaire d’une interface neuronale avec les parois abdominales de la bête. Il s’agit d’un renversement situationnel assez amusant, et qui ajoute à l’originalité du récit.

À cet effet, il faut également mentionner que la traduction apportée par le poligloti a cette particularité, au contraire du Babel Fish d’Adams, de n’être pas absolue : l’interface neuronale ne confère à la personne avalée que la connaissance d’une seule langue à la fois, préalablement choisie ; chaque nouvelle langue ajoutée accentue les risques de troubles neuronaux chez le récipiendaire – le poligloti est certes un polyglotte universel, mais il ne peut pas produire d’autres polyglottes universels que lui-même.

Il est également possible de créer des chercheurs accomplis d’un auteur en particulier, en laissant le poligloti ingérer les deux personnes – l’interprète absorbant alors toute la psyché de l’objet de ses recherches, devenant de facto son plus grand spécialiste. Cette forme de traduction a ceci d’intéressant qu’elle souligne à gros traits la difficulté de comprendre l’Autre lorsque son langage nous échappe. Or, le processus de communication étant le véhicule d’un message, cette dernière forme de traduction permet à l’interprète de transcender son seul statut de courroie de transmission en assimilant totalement l’intention de l’auteur – ce qui, il faut l’avouer, s’avère fort utile lorsqu’il est question d’interpréter, d’analyser une poétique en particulier. Ce que Vonarburg fait régulièrement depuis des années, comme traductrice et comme théoricienne. [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 196-197.