À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À la fin de l’été, la narratrice retrouve à proximité de la mer sa maison, qui se distingue du commun des habitations en ceci qu’elle est vivante. Aussitôt après avoir détecté une présence, la maison menace de détaler, mais elle se ravise en reconnaissant sa propriétaire et lui ouvre ses portes. La femme examine alors le bâtiment et s’aperçoit que celui-ci se prépare doucement à affronter l’hiver.
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Commentaires
Cette superbe nouvelle d’Élisabeth Vonarburg est publiée dans un numéro de la revue Arcade consacré à la littérature de l’imaginaire, puisqu’il a pour thème « au-delà du réel ». Ce texte constitue à mon avis la meilleure réussite de la livraison. En effet, « Transhumance » séduit par le raffinement et la fraîcheur de la description, qui accorde une large part aux sensations. La vue, l’ouïe, l’odorat sont mis à contribution : les formes et surtout les couleurs sont minutieusement dépeintes, les craquements et les bruissements sont notés, les odeurs de nourritures, de cire ou de chats sont évoquées avec beaucoup de bonheur. Et pas un seul mot de l’écriture, très belle et suggestive, ne sonne faux.
De plus, l’auteure réussit fort bien à créer l’impression que la maison est vivante : celle-ci se déplace, éprouve des sentiments comme la crainte ou la joie, établit des plans en fonction de ses besoins à venir, entretient des relations avec ses habitants puisqu’elle sait répondre à leurs attentes. Le ton, intimiste, suggère par ailleurs une forte complicité entre la maison et la femme. Le récit se déroule avec un naturel parfait : c’est tout juste si on ne se prend pas à regretter de ne pas habiter une telle maison…
En dépit de l’extrême simplicité du propos, et même si la description l’emporte sur la narration, le récit captive l’intérêt du début à la fin. L’essentiel réside dans les états d’âme de la femme, et non dans la narration d’événements. « Transhumance »constitue la preuve que sobriété et séduction ne sont pas incompatibles. [LM]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 217.