À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Mayla s’est égarée dans les couloirs de la datathèque en se fiant à son sens de l’orientation. Attirée par une odeur d’orange, la préadolescente pénètre dans une pièce remplie de petites boîtes minces rangées sur des étagères. Une vieille femme s’avance et lui apprend qu’elle se trouve dans une librairie. Sophie la familiarise avec le livre et lui fait découvrir l’imaginaire qu’il renferme.
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Cette nouvelle fait partie d’un collectif réunissant 41 auteurs qui se veut un hommage aux libraires, « ces irremplaçables marchands de rêves ». Il a été publié à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur en 2000. Élisabeth Vonarburg répond très bien à la commande en respectant le thème imposé tout en se l’appropriant dans le genre où elle est passée maître : la science-fiction.
La nouvelle est simple, d’un abord facile si on la compare au cycle de nouvelles ayant pour thème le pont du froid et autres voyages dans des univers parallèles qui donnent lieu à des jeux intellectuels parfois déroutants et étourdissants. On pourrait même la croire destinée aux enfants mais le récit n’est pas pour autant simpliste. Dès la troisième page, l’auteure balance cette phrase à son lecteur : « dans nombre d’holos, de virtuas ou de trans, les vilains sont souvent des rèfs ». Certains pourraient être déstabilisés car ces notions ne sont pas expliquées au préalable. Vonarburg stimule son lecteur mais ne le laisse pas tomber. Graduellement, ces concepts seront sommairement développés dans la suite de la nouvelle. Rarement Élisabeth Vonarburg aura été un guide aussi sûr et attentionné !
« Une odeur d’orange » est un texte qui respire l’amour des livres et des mots et qui célèbre l’extraordinaire pouvoir d’évocation qu’ils charrient. L’auteure rappelle d’ailleurs fort à propos que livre et libre ont la même racine latine, liber. C’est dire son importance et son absolue nécessité. Bien sûr, la nouvelle exhale un parfum de nostalgie devant la réduction du livre à l’état d’artefact et pêche un peu par didactisme – la relation de maître à élève qui marque la rencontre entre Mayla et Sophie accentue sans doute cette impression – mais l’auteure fait preuve d’une belle sensibilité qui ne pourra que réconforter les amoureux du livre.
Encore une fois, on peut apprécier la faculté qu’a l’auteure de retrouver la petite fille qu’elle a été et de s’investir avec beaucoup de justesse et de doigté dans un personnage d’enfant. C’est d’ailleurs par les sens – ici, l’odorat – que se fait le premier contact de la préadolescente avec un autre monde, un monde témoin du passé incarné par la vieille libraire. Puis l’esprit devient disponible, s’ouvre à une autre réalité.
« Une odeur d’orange » apparaît comme un corps isolé dans la constellation des œuvres d’Élisabeth Vonarburg, encore que l’histoire racontée dans le livre qu’entreprend de lire Mayla, Sybelle d’une certaine Danylle Garneau, est peut-être autoréférentielle – l’auteure n’en serait pas à ses premières mystifications littéraires. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 191-192.